Le regroupement des professeurs révoltés se veut être un espace où le personnel éducatif haïtien peut exprimer ses frustrations, faire passer ses revendications et prendre des initiatives basées sur des faits réels et des données vérifiables et vérifiées, en vue de défendre ses droits. C’est aussi une réponse aux différentes organisations socio-culturelles qui se proposeraient au départ de défendre les intérêts socio-économiques, culturels et moraux du personnel éducatif mais, qui sont en réalité, pour la grande majorité, des petites entreprises privées. C’est un fait incontestable que notre système éducatif se heurte contre des problèmes historiques et socio-culturels avant même qu’il soit né. Nous sommes également conscients que nos problèmes sont assez délicats. Toutefois, nous sommes convaincus que tout problème ayant une explication scientifique a une solution scientifique.
En fait, nous sommes victimes d’une part par le tragique Code Noire qui nous a déclaré inapte à l’éducation, pourtant nous avons civilisé les prétendants civilisateurs de l’époque. D’autre part, nos problèmes sont liés au système économique, mal approprié, que nous essayons d’adopter depuis plusieurs décennies. En effet, l’éducation des éducateurs est biaisée, transformant ainsi le système éducatif en un parfait système de conditionnement dirigé par le parasitisme urbain que nous avons connu depuis très tôt dans notre histoire. C’est un mal transversal que toute la population haïtienne devrait combattre, néanmoins, les enjeux nous obligent à commencer par les professeurs qui sont la clef de l’autre Haïti que la population rêve, il y a déjà longtemps !
Camarades professeurs (es), les autres membres du personnel éducatif haïtien, ce n’est plus assez de défendre chacun ses intérêts isolés sans tenir compte de l’avenir de notre système éducatif en particulier, pour aboutir au bien être de notre pays ultimement. Les politiciens se moquent de nous, ils se disent avoir les moyens financiers pour construire trente écoles nationales pourtant, nous sommes plus de 11 000 avec une lettre de nomination sans chèque. Ils prônent vouloir établir de l’ordre dans le système, en conséquence, nous sommes plus d’une cinquantaine ayant été recrutés par l’OMRH par voie de concours, néanmoins nous recevons tous le même traitement que les autres nominations dites politiques. Nous avons offert notre service aux écoliers pendant plus de trois (3) ans sans lettre de nomination ni chèque, conformément à l’article 29 de l’arrêté du 14 mars 2014, cependant ils nous font passer tous pour leurs amis mécaniciens par routine qu’ils ont nommés pour service rendu aux élections. De l’autre côté, certains de nos semblables profitent de notre situation pour satisfaire leurs besoins personnels. L’heure du réveil a sonné, aujourd’hui c’est à nous d’assurer la défense de nos droits les plus sacrés. Il est temps pour nous, d’accepter, que nous sommes les premiers Guerriers, l’unique armée que détient notre patrie commune.
Oui, étant des guerriers, nous avons une lourde responsabilité, de nombreux devoirs et par-dessus tout ; des droits. La population à travers l’État nous doit: le respect, des moyens adéquats, des équipements de travail nous permettant d’accomplir notre mission, un salaire raisonnable, un logement décent, une assurance maladie appropriée etc.
Désormais ! Un personnel éducatif doit recevoir son dû chaque mois ! Il n’est pas acceptable de travailler dans des conditions pénibles alors que d’autres gagnent une fortune pour n’avoir rien fait. Le mouvement n’est point un syndicat et nous n’avons nullement la prétention d’en créer un puisque, nous savons pertinemment qu’il est l’apanage de nos politiciens d’user de cette formule. C’est pourquoi nous n’aurons pas un ou des leaders, mais des portes paroles. Des messages que nous pourrons tous défendre parce que c’est notre seule et dernière chance de réussir. Nous ne pouvons point compter sur les hommes et les femmes politiques. C’est à nous de faire ce qu’on n’a pas voulu faire pour nous.
En avant les Guerriers! Prenez votre cerveau, vos plumes et vos papiers, qui seraient les équivalents de vos armes. Réfléchissez! Nous allons le faire ensemble en toute indépendance. Le temps du « one man show » n’a jamais eu sa raison d’être, et nous allons le prouver. Nous allons nous rejoindre dans un espace pour fixer nos objectifs de manière stratégique afin de forcer l’État, par tous les moyens possibles et imaginables, d’assumer ses responsabilités. Il ne sera plus question d’envoyer un petit groupe aller négocier à notre place. Nous allons négocier nousmême, remarquez, il n’y a pas eu de négociation pour augmenter les frais des policiers à 100/100, il n’y a pas eu de négociation pour augmenter les frais des hommes politiques. Eh bien ce sera pareil pour nous ! Quand nous aurons à signer des pétitions, organiser des marches ou des « sit-in », des grèves, s’il faut en arriver là, ce sera à nous de décider le début et la fin.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’être professeur est un privilège sacré, une vocation. C’est un titre qu’on ne peut pas attribuer à n’importe qui. Nous avons la lourde tâche de construire notre société aux côtés des autres agents de socialisation, en transmettant nos savoir et valoriser les compétences de nos élèves. Sachant qu’un enseignant ne peut enseigner que ce qu’il est, nous devons nous renouveler chaque jour, mobiliser des compétences didactique, pédagogique d’une ou plusieurs disciplines et relationnelles. Nous avons l’obligation de nous adapter au profil de chaque élève, pour lui permettre de développer son potentiel et lui transmettre les valeurs de citoyenneté. Nous sommes ceux qui se lèvent de très tôt et même trop tôt pour aller se coucher très tard. Toutefois, fort est de constater que le métier d’enseignant est accessible à quiconque en panne de choix ou d’ouverture économique. C’est une mission vilipendée, piétinée et jetée dans les poubelles des politiciens et des soit disant entrepreneurs. Des hommes et des femmes sans vergogne qui profitent, aux mépris de toutes les normes, de la vulnérabilité des parents et nos jeunes. Seulement près de (4000) quatre mille jeunes âgés moins de (35) trente-cinq ans sont comptés sur plus de (75 000) soixante-quinze mille personnels du Ministère de l’Éducation et de la Formation Professionnelle. Cette situation nous révolte.
C’est pourquoi, fort de tout ce qui précède, nous les personnels éducatifs doivent s’organiser et demander d’une seule voix et obtenir sans délai :
1- L’application de l’article 21 et suivant, de l’arrêté du 21 mars 2014, disposant que tous les personnels enseignants doivent être détenteurs du permis d’enseigner, qui atteste de leurs compétences et habilités à exercer ce métier.
2- Le Ministère de l’Éducation et de la Formation Professionnelle doit tenir un registre des noms de tous les personnes ayant son permis. Le registre doit être accessible à toutes les personnes intéressées.
3- Ajuster le salaire de base de tout le personnel éducatif.
4- Mettre à jour la grille salariale avant son application.
5- Appliquer correctement l’article 77 de l’arrêté du 14 mars 2014, afin de nous donner une carte de débit, une assurance maladie opérationnelle entre autres.
6- Affecter ou nommer une équipe d’orientation scolaire dans toutes les écoles de la République.
Ainsi, nous profitons l’occasion pour vous encourager à aller « liker » la page Facebook du mouvement en cherchant: « PROF. INFO ». Pour intégrer cette espace, envoyez-nous un message via « WhatsApp » ou « Telegram » : 48 45 40 41 / 33 53 05 85 / 37 17 69 05
Me Serge Junior FEROU, professeur révolté.