S’investir les rues longeant des quartiers comme Martissant et Fontamara est davantage difficile voire parfois impossible sans s’exposer aux assauts des gangs armés. En effet, l’entrée sud de la capitale devient presque déserte puisque la zone est sous l’emprise des bandits lourdement armés. Une psychose de peur s’installe dans la 3eme circonscription et entrave les activités commerciales et le transport public.
Quelques jours après le conflit, les autorités de l’État, dans leur imposture se montre toujours à la hauteur des évènements. Lors d’une conférence de presse, le Premier Ministre de facto Claude Joseph a informé la population que la Police Nationale d’Haïti a pris le contrôle de la situation au niveau de la 3eme circonscription de la capitale. Cependant, aucune présence policière n’est jamais remarquée dans les parages de la zone et les tirs stridents des automatiques et fusils d’assaut continuent d’accroitre la liste des victimes de ce drame.
Le pire, des barricades sont dressées à plusieurs reprises à Fontamara 29 et 43, plusieurs maisons sont incendiées à Martissant et les tirs d’armes à feu entre les groupes de gangs rivaux continuent à semer la terreur dans l’entrée sud de la capitale. La route nationale # 2 est, à tous les niveaux, une zone à éviter depuis à peu près un mois. Où sont les autorités de l’État face à ce drame imminent? N’entendent-elles pas les douleurs des déplacés et sans-abris entassés, en grande partie, au centre sportif de carrefour?
De son côté, le président de facto, Jovenel Moïse revenu de la Turquie a tenu une conférence de presse montrant que la PNH va bientôt redresser la situation et ainsi, permettre aux personnes déplacées à Fontamara et à Martissant de regagner leur domicile. Mais, il semble que Jovenel Moïse vient agrandir la liste de ses promesses habituelles non tenues puisque la situation d’insécurité qui prévaut à Martissant reste la même.
Qui plus est, l’État haïtien semble partie prenante d’une discrimination de sa propre population dans la mesure où celui-ci montre une volonté parfaite de démanteler les gangs à Laboule 12, zone généralement réputée de «quartier d’élite», c’est-à-dire un quartier habité par des gens de la classe dominante. Tandis que contrairement à Laboule, la situation de Martissant est d’une complexité extrême puisqu’elle affecte une route nationale reliant plusieurs départements du pays.
En d’autres termes, les échanges entre les départements de la Grand-Anse, des Nippes, du Sud-Est ne s’effectuent plus, ce qui paralyse un ensemble de grand marché de la capitale car la distribution des produits a cessé depuis environ un mois. D’où la complexité de ce fléau sous les yeux des soi-disant «autorités de l’État».
En dépit de cette triste réalité qui se dessine dans ces quartiers, l’État haïtien fait preuve de surdité face aux hurlements populaires, les pleurs et ras-le-bol des habitants vivant dans les ghettos comme Martissant et Fontamara. Entre-temps, le gouvernement de facto continue à jouir, de manière immérité, les frais et privilèges de la République sans être en mesure de garantir un minimum de bien être à la population entière.