La population haïtienne est descendue dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, ce lundi 24 octobre 2022, jour qui marquant le 77e anniversaire de l’entrée en vigueur de la charte de l’ONU, pour dénoncer l’ingérence de l’international communautaire dans les affaires politiques du pays et demander le départ du gouvernement du Premier ministre Ariel Henry.
Il est 11 heures 30 du matin aux environs du Champs-de-Mars, à l’entrée de l’Ambassade de France, des centaines de manifestants sont rassemblés, pancartes en main, les revendications sont claires : « Pour une Haïti digne et souveraine, non à l’invasion d’Haïti » ou encore « Mme La Lime joue la même fonction que celle du gang G9 » de plus, « Etazini egal san ak mizè pèp, Ayiti egal tè libète ak tè Desalin ». Ces propos revendicatifs étaient, parmi tant d’autres, les slogans que scandaient les manifestants et qui ont donné le ton à la mobilisation.
À l’instar de la cérémonie du Bois Caïman, s’est tenue une cérémonie avant le départ de ce mouvement revendicatif. Symbole multiséculaire dans les luttes populaires en Haïti, un vèvè représentant Bawon Samdi est dessiné sur le sol par deux vodouisants entourés par la foule.
L’itinéraire est tracé. C’est le coup d’envoi !
Du Champs-de-Mars en passant par Nazon et Delmas, les locaux du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) constituent le point d’arrivé.
Tout au long de la marche, les manifestants lancent des propos traduisant leur mépris et leur dégoût vis-à-vis du BINUH et du gouvernement haïtien qui, pour eux, cautionnent une énième occupation étasunienne. En effet, ils se montrent solidaires à la Fédération de Russie et la République Populaire de Chine qui, selon eux, sont les seules vraies amies d’Haïti. Certains dans la foule brandissent le drapeau russe devant l’enceinte de l’Ambassade du Canada qu’ils considèrent aussi comme un ennemi du pays, puisque ce dernier fait partie du CORE Group.
Aussitôt cette destination atteinte, sur la route conduisant à l’entrée du BINUH, plusieurs unités de la Police nationale rendent le passage inaccessible. De là, outre les injures proférées à l’encontre des policiers, qualifiés d’esclaves du système, les manifestants, dans un discours harmonieux, trouvent inappropriée la décision prise par le conseil de sécurité de l’ONU sur la crise qui sévit actuellement dans le pays. Décision, selon eux, ne peut pallier la montée en puissance des bandes armées sur le territoire national.
Enfin, vers les 5 heures de l’après-midi, la manifestation est quasiment arrivée à son terme, les protestataires rebroussent chemin et s’évaporent dans les rues de la zone métropolitaine.
Une journée de plus. Une Manif de plus en Haïti.