En Haïti, les épreuves officielles représentent non seulement un moyen permettant au Ministère de l’Education et de la Formation Professionnelle (MENFP) d’évaluer les élèves sur la formation scolaire qu’ils reçoivent mais aussi un outil de vérification et de contrôle des différentes institutions scolaires. Autrement dit, les examens officiels permettent au MENFP de vérifier si l’ensemble des programmes de cours a été abordé durant l’année scolaire. Ces épreuves représentent donc une technique d’évaluation et de vérification très importante pour le secteur éducatif en général.
Depuis quelques années, il ne passe pas une année sans que le fonctionnement des écoles ne soit pas paralysé par des événements d’ordre naturel ou social (tremblement de terre, cyclones, insécurité, revendications socio-politiques, grèves des enseignants, etc.). Toutefois, en dépit des turbulences, à la fin de chaque année académique les candidats de la neuvième année fondamentale et de la terminale subissent obligatoirement les évaluations officielles.
L’année académique 2019-2020 a été l’une des années les plus paralysées de cette décennie. En effet, la rentrée scolaire officielle a été d’abord reportée à plusieurs reprises suite aux revendications socio-politiques et ensuite, dès le mois de mars, pour lutter contre la propagation de la pandémie de la covid-19, les écoles ont été contraintes de fermer leurs portes jusqu’au mois d’août. Ces évènements ont contraint le MENFP de proposer un calendrier réaménagé de 147 jours de classe avec un programme à compétences minimales. Il faut noter que la norme pour la région caribéenne est située entre 180 et 200 jours de classe.
A la fin de cette année académique tumultueuse, le MENFP a publié les résultats des examens officiels de la neuvième année fondamentale et du baccalauréat. Pour la 9ème, le taux de réussite global pour des examens officiels est de 90,89% (179 819 admis sur 197 845). En d’autres termes, sur chaque 10 candidats ayant subi les épreuves 9 ont réussi. Plus impressionnant encore, depuis plus d’une décennie, le taux de réussite national n’a jamais dépassée les 80%. Quant aux examens du baccalauréat, les résultats ne sont pas trop différents. Le taux de réussite national est de 74,52% (27,884 admis sur 37,420 participants), soit environ 7 participants sur 10 ont réussi à ces examens.
Un taux de réussite très remarquable et impressionnant si on tient compte, entre autres, de l’ensemble des bouleversements enregistrées au cours de cette année académique et le programme de cours qui n’a pas été abordé dans toute son intégralité par les institutions scolaires car le nombre de jours de classe prévu n’a pas été respecté. Ces constats ne cessent de soulever des questions sur ce taux de réussite aussi élevé, surtout dans une année aussi compliquée avec un nombre de jours nettement réduit. Que veut dire vraiment évaluer dans notre système éducatif ? A quoi servent les programmes de cours élaborés par le MENFP ? Ces résultats tiennent compte réellement du niveau académique des élèves? Quelles sont les importances des épreuves officielles pour le système éducatif ?
Avec le programme à compétences minimales, les élèves se sont concentrés uniquement sur leur évaluation et non sur l’apprentissage de toutes les notions des programmes de cours. Le ministère en charge semble négliger la qualité de l’enseignement au détriment d’un taux de réussite élevé.
Si les résultats des examens officiels n’affichent pas une image réelle de la réalité, quelles sont les mesures prises par le MENFP pour que les élèves puissent voir les notions non vues lors de l’année académique passée ? Car l’école ne devrait pas pour objectif des élèves qui réussissent aux examens officiels sans vraiment rien apprendre, mais plutôt de fournir à la société des citoyens compétents.