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12 Janvier 2010-12 Janvier 2021, onze ans après le tremblement de terre en Haïti: où sommes-nous aujourd’hui?

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Dans l’après-midi du mardi 12 Janvier 2010, un tremblement de terre de magnitude 7.3 selon l’échelle de Richter a ravagé  plusieurs départements du pays. Ce tremblement de terre à provoquer des dégâts considérables du point de vue humain et matériel. Les chiffres officiels de décès causé par ce cataclysme s’élèvent à environ 300.000. Quant aux dégâts matériels, la situation a été on ne peut plus alarmante: de nombreux immeubles, publics ou privés, sont effondrés notamment le Palais national (siège du président de la république), les bâtiments logeant les différents ministères, et même la cathédrale de Port-au-Prince n’a pas été épargnée.

Le président en fonction à cette époque, S.E.M René Garcia Préval, impuissant comme l’ensemble des autorités du pays qui ont survécu, ne faisaient que constater les dégâts. Des cadavres entassés aux différents coins et recoins de la capitale, des décombres empilés à différents endroits bloquant ainsi les artères de la zone métropolitaine. Partout, on n’entendait que des pleurs ponctués de cris de détresse, de désespoir et de résignation. Le pays aux heures sombres du séisme du 12 janvier 2010 représentait une scène de guerre dans laquelle une population a été victime d’un massacre sanglant. Tel était le spectacle qu’offrait le pays à l’échelle internationale.

Durant les heures qui suivirent le désastre, les nouvelles fusaient, les appels téléphoniques se multipliaient. La communauté internationale avait ses yeux fixés sur ce qui se passaient en Haïti et décidait a cet égard d’apporter leur soutien aux peuples haïtien. Des dons, des promesses de dons, la mobilisation de la diaspora, le déploiement des forces militaires américaines et autres sur le sol haïtien pour participer aux recherches de ceux et celles (potentiels survivants) qui étaient piégés sous les décombres, porter leur contribution dans la distribution des produits de première nécessité. Tout l’appareillage était mis en branle pour apporter de l’espoir à un peuple plus que jamais englué dans sa condition de misère. «Haïti est devenu le pays le plus pauvre du monde», «Haïti is the poorest country in the world» narguait les médias internationaux.

Quelques mois après cette catastrophe, beaucoup de gens croyait que le passage du tremblement de terre était une opportunité pour Haïti de prendre le chemin du progrès. Des aides venant partout de l’extérieur, des dettes annulées, des fonds octroyés pour la reconstruction du pays donnait de l’espoir à un véritable changement. 12 Janvier 2010-12 Janvier 2021 soit 11 ans après ce drame douloureux,  où sommes-nous aujourd’hui ? Peut-on oser, en ce moment, parler de progrès en Haïti ?

PetroCaribe et CIRH, deux opportunités de développement ratées pour Haïti après le tremblement de terre

L’accord de coopération énergétique (ACE) est un accord de coopération d’énergie entre les pays de la Caraïbe et le Venezuela proposé par Hugo Chavez, président de la république bolivarienne du Venezuela. Ce dernier, en tant que grand exportateur de pétrole brut, envisage cet accord dans le but de permettre aux pays membres de se faire procurer le pétrole à des conditions de paiement préférentielles et vise en même temps l’usage rationnel et solidaire des ressources énergétiques

Cet accord a pour antécédent l’accord de San José signé en 1980 et celui de coopération énergétique de Caracas du 19 Octobre 2000. Les premiers pays signataires de cet accord le 29 Juin 2005 étaient au nombre de treize états, puis à la fin de l’année 2008 le nombre de pays signataires s’élève au nombre de 18 membres.

Selon les autorités vénézuéliennes et les déclarations institutionnelles provenant des sommets des chefs d’états et de gouvernements pour PetroCaribe,  l’accord s’établit autour de quatre éléments fondamentaux:

L’approvisionnement en pétrole, le développement de l’offre de gaz, la promotion des énergies alternatives, l’appui aux économies d’énergie. Cette initiative vise à résoudre non seulement les inégalités d’accès aux ressources énergétiques, en passant par un nouveau schéma plus favorable d’échanges équitable et juste entre les pays des caraïbes et d’Amérique centrale mais aussi, capable d’assurer la coordination et l’articulation des politiques énergétiques incluant le pétrole et ses dérivés.

Ainsi, les termes de cet accord se présentent de la même manière pour tous les états bénéficiaires. Pour un baril à plus de 100 USD, 50% du carburant livré est payable sous 90 jours. Le solde fait l’objet d’un crédit étalé sur 25 ans (incluant une période de grâce de 2 ans) suivant un taux d’intérêt de 1%. Pour faciliter la gestion du secteur énergétique dans les états concernés, le président Chavez conditionne son offre à la création d’entreprises publiques ou mixtes.

Cependant, la hausse du prix de pétrole en été 2008 a permis à l’initiateur du programme de revisiter l’affaire ; au lieu de 50% les membres n’ont qu’à verser 40% dans les 90 jours et les 60% restant dans un délai de 25 ans.

Haïti, de même que les autres pays, est également bénéficiaire de cet accord énergétique. Mais, les gouvernements en place ont complètement dilapidé ce fond. Aucun projet réel et durable n’est réalisé dans le pays. Au contraire, de la date de notre intégration dans cet accord à aujourd’hui, la situation économique du pays a nettement dégradée. Ce qui veut dire en d’autres termes qu’Haïti devient plus pauvre. Aujourd’hui persistent encore les problèmes liés à la santé, à l’éducation, à la formation professionnelle et universitaire. Le pays est en manque d’infrastructures routières et les institutions du pays sont totalement affaiblies.

Pendant toute la durée des administrations qu’elles soient celle de Moïse-Lafontant ou encore celle de Moïse-Céant, PetroCaribe a fait objet de contestations populaires incluant un mouvement global dans lequel s’inscrivaient des petits mouvements liés au PetroCaribe: Petro Challenge, Petro éducation, Petro chanpwèl, Petro bizango etc. Ces mouvements de protestation populaires sont, dans une certaine mesure, à la base de l’instabilité du régime PHTK (Parti haïtien tèt kale).

Quelques jours après le tremblement de terre, une Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) a été mise sur pied en vue d’apporter son apport au pays. Cette commission s’était mise avec le gouvernement haïtien, les bailleurs de fonds, les organisations non gouvernementales (ONG), la diaspora, le secteur privé des affaires et la société civile en Haïti afin de déterminer les priorités de la reconstruction du pays. Les principaux objectifs de cette commission intérimaire s’articulent autour de trois éléments principaux:

Premièrement, assurer que le développement s’opère au mieux des intérêts de la population haïtienne

Deuxièmement, promouvoir la transparence et l’imputabilité ;

Troisièmement, faire la démonstration d’un nouveau modèle de  développement et de coopération.

Donc, la CIRH ne fait que coordonner les projets soumis pour un travail d’examination, et améliorer en même temps les concepts de projets conjointement avec les agents d’exécution.

Une grande conférence a été organisée le 31 Mars 2010 par l’équipe conjointe du bureau de l’envoyé spécial des nations unies pour Haïti sur les activités de relèvement post-séisme. Suite aux négociations 2.84 milliards de dollars ont été décaissés par les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux ainsi répartis:

1.98 milliards de dollars (69.8%) en subvention au gouvernement d’Haïti, aux agences multilatérales, à des ONG et des entrepreneurs privés ;

281.8 millions de dollars (9.9%) en subvention via le FRH ;

251.9 millions de dollars (8.9%) en appui budgétaire direct au gouvernement d’Haïti ;

213.5 millions de dollars (7.5%) en prêt au gouvernement d’Haïti et les autres bénéficiaires ;

Et 105.8 millions de dollars (3.7%) en appui budgétaire au gouvernement d’Haïti via le FRH.

Cette analyse ne considère pas les fonds promis destinés aux activités humanitaires ainsi que les promesses faites par les organisations privées lors de la conférence des donateurs à New York.

Quand la corruption devient maître de l’administration privée et publique en Haïti

La corruption est l’agissement par lequel une personne investie d’une fonction déterminée, publique ou privée, sollicite ou accepte un don, une offre ou une promesse en vue d’accomplir, retarder ou omettre d’accomplir un acte entrant, d’une façon directe ou indirecte, dans le cadre de ses fonctions.

Deux formes de corruption sont considérées dans le droit pénal français:

La corruption passive (article 432-11 du code pénal) lorsqu’une personne exerçant une fonction publique et en profite pour solliciter ou accepter des dons, promesses ou autre avantages dans le but d’accomplir ou de s’abstenir d’accomplir un acte relevant de sa fonction. On attribue à cette personne le titre de corrompu. Tandis que la corruption active (article 433-1 du code pénal) renvoie à une personne physique ou morale qui obtient ou essaie d’obtenir, moyennant des dons, promesses ou avantages, d’une personne exerçant une fonction publique, qu’elle accomplisse, retarde ou s’abstienne d’accomplir ou de retarder un acte de sa fonction ou un acte facilité par elle. À cette personne on attribue le titre de corrupteur.

Généralement, la corruption triomphe dans les états où le système judiciaire est faible. La corruption est un fléau qui affaiblit l’État et lui contraint de porter soutient aux besoins réels de la population. Cette réalité est celle que vit chaque haïtien et ce, depuis un certain temps. Les dirigeants haïtiens pillent, volent, dilapident les deniers publics. L’administration publique n’est qu’un vaste système de corruption, d’injustice, de détournement de fonds. Ce phénomène de corruption généralisée dans le pays se pérennise laissant la grande majorité de la population traumatisée par le séisme du 12 janvier 2010 dans une situation de pauvreté (extrême pour une grande partie.).

Entre temps l’impunité se stabilise et la corruption règne. Le pouvoir judiciaire, en tant que pouvoir indépendant, se laisse tomber sous l’emprise de l’exécutif et législatif. La justice haïtienne est quelque chose qu’on peut s’offrir plus ou moins dépendamment du prix que l’on décide à y mettre (mezi lajan ou, mezi wanga ou). Les juges sont sous l’emprise de ceux qu’on dénomme dans le pays gwo palto. Ilstravaillent n’ont pas pour la population haïtienne mais, pour un particulier qui peut être soit un sénateur, soit un député, un ministre voire le président de la République. Aujourd’hui, la lenteur de certains grands dossiers de corruption introduits par devant la justice haïtienne n’est que l’expression de la partialité des juges, afin d’empêcher l’application des peines prévues par la loi contre les dilapidateurs, les voleurs et gaspilleurs des régimes politiques mafieux du pays.

Compte tenu de tous les investissements faits pour reconstruire le pays après la catastrophe du 12 janvier 2010, on peut se questionner sur les résultats suite aux nombreuses promesses qui ont été faites aux peuples haïtiens. On peut se demander où sont les réalisations concrètes des projets en cette année de 2021 soit onze ans après le tremblement de Terre. Des réalisations de projet qui devraient prendre la reconstruction du Palais nationale, de l’ensemble des bâtiments logeant les différents ministères jusqu’à la reconstruction du Fort National. Les bidonvilles se sont multipliées dans le pays, la majorité de la population vit dans l’extrême pauvreté et privée des services primordiaux à la conservation de la vie. En un mot, ces efforts déployés pour Haïti après la catastrophe ne vise point le bien être de la population mais de préférences une occasion une fois de plus pour des opportunistes sans foi ni loi de s’enrichir.

Enfin, le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a laissé des cicatrices majeures dans les familles haïtiennes et dans le pays en général. Les pertes en vie humaines et matérielles ne cesseront jamais marquer l’esprit des haïtiens. Les grands chantiers prônés par la CIRH qui faisaient allumer l’espoir du peuple démunis n’ont, en réalité, rien apporté. La corruption, le pillage du Trésor public, Ia dilapidation des fonds PetroCaribe et CIRH, le vol, l’immoralité, telles sont les marques caractérisant le régime PHTK accédé au pouvoir peu de temps après le passage du séisme en complicité avec une frange de l’internationale qui n’a aucun intérêt dans le développement d’Haïti. Les mouvements populaires orchestrés contre ce régime mafieux en témoignent la volonté du peuple haïtien de vivre dans de meilleures conditions.

Bibliographie

Ministère de la planification et de la coopération externe (MPCE), cadre de coordination de l’aide externe au développement d’Haïti (CAED). Élément de clarification, 2012

PARTHENAY kevin, Petrocaribe: instrument neo-bolivarien d’intégration régionale centraméricaine et caribéenne, (OPALC)

FANFAN Saintony,  Justice: le dilemme de l’impartialité et de la corruption, Media-texte, 2013

Coalition haïtienne pour le moratoire, Haïti dans l’impasse des politiques de libéralisation commerciale. L’opportunité d’un moratoire aujourd’hui, 2012

PIERRE Samuel, construction d’une Haïti nouvelle. Vision et contribution du GRAHN, édition de l’université d’État d’Haïti, 2011

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